Anne Perrot explique que les biotechnologies vont nous changer la santé

L'ADN, 29/10/2021

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Anne Perrot explique que les biotechnologies vont nous changer la santé

"Comment revenir dans la course de l'innovation santé ? Au moment où les biotechnologies et la santé connectée sont en passe de bouleverser le marché, éléments de réponse avec Anne Perrot, coautrice pour le Conseil d'analyse économique d'une note sur le « retard français » .

Anne Perrot est inspectrice générale des finances et membre du Conseil d’analyse économique. Avec Margaret Kyle, elle a coécrit une note sur l’état de l’innovation santé en France. Et celle-ci est parue pile le jour où l’Institut Pasteur annonçait renoncer à son candidat vaccin, tandis que Sanofi accumulait les déconvenues, suscitant un concert de commentaires atterrés sur le thème du déclin français – « Mais c’est aussi cela, la recherche : sur 10 000 tentatives, une seule peut être susceptible d’aboutir ! » , remarque l’économiste, à propos de ce hasard de calendrier. Au moment où le plan Innovation Santé 2030 met 7 milliards d’euros sur la table pour rattraper ce retard, elle nous éclaire sur les enjeux qui attendent la filière, entre virage biotechnologique et santé numérique.

Les vaccins ARNm ont mis sur le devant de la scène les biotechnologies. En quoi cette révolution en santé bouleverse-t-elle l’innovation et l’organisation du marché ?

Anne Perrot : Autrefois, pour trouver un nouveau médicament, la chimie était la science de base : on testait en grand nombre des molécules susceptibles d’être actives sur une pathologie. Certaines marchaient, d'autres pas. Mais la chimie ne permet pas de comprendre le mécanisme d’action du médicament, au contraire de la biologie. Et les biotechnologies reposent sur cette compréhension du mécanisme biologique à la base d'une pathologie. Ce virage de la chimie à la biologie est très important.

La biologie arrive à mettre au point des médicaments biologiques beaucoup plus ciblés, parce que visant des mécanismes plus individualisés. Par conséquent, au lieu d'aboutir à la découverte de « blockbusters » (qui par ailleurs continueront peut-être à exister) s'adressant indistinctement à un marché gigantesque, les biotechnologies concerneront des marchés beaucoup plus petits – et cela rend tout plus compliqué, pour plusieurs raisons.

D'abord, sur des marchés plus petits, rentabiliser les médicaments est plus compliqué. Ensuite, comprendre un mécanisme est plus complexe que de tester des molécules chimiques. Le processus peut prendre un nombre d’années considérable. Et une très grande partie de cette innovation se fait dans les laboratoires de recherche fondamentale. Ce phénomène les met sur le devant de la scène, ainsi que les problèmes qu’ils rencontrent, parmi lesquels le manque d’argent..." Lire la suite