Une intelligence artificielle affectée au triage dans les salles d’urgence

QUEBECSCIENCE, 17/09/2021

Partagé par : 

Beesens TEAM

Une intelligence artificielle affectée au triage dans les salles d’urgence

"Une intelligence artificielle pourrait-elle aider des médecins à choisir qui recevra des soins dans des situations d’urgence où les ressources manquent?

Dans un hôpital surchargé, 10 patients dans un état critique ont besoin d’un respirateur, mais il n’y en a que 5 qui sont disponibles. Impossible de rediriger les patients vers un autre hôpital. Qui doit-on traiter – et qui doit-on abandonner ? La question, qui semble sortie tout droit d’une dystopie, a pourtant été au cœur de travaux réels en intelligence artificielle (IA) dans plusieurs centres de recherche à travers le monde depuis les débuts de la pandémie. Et leurs travaux montrent que l’IA pourrait aider objectivement à prendre de telles décisions en période de crise.

Pour comprendre l’origine de cette épineuse question, il faut revenir un an en arrière. Quand la COVID-19 a frappé l’Italie de plein fouet, en mars 2020, plusieurs hôpitaux ont atteint ce point critique. Les urgences croulaient sous les patients, et la pénurie de respirateurs a forcé certains médecins à faire un choix déchirant : qui recevrait des soins et qui n’en aurait pas. Pris dans la tourmente, certains hôpitaux ont proposé d’utiliser l’âge des patients, ou la présence d’autres maladies chez ces derniers, comme critères pour guider ce choix.

Une situation qui a poussé d’autres nations à réfléchir à des protocoles de priorisation de patients au triage des urgences (appelés communément « triage avancé ») si jamais une telle situation devait survenir.

« Dans plusieurs pays, la crainte était qu’il n’y ait pas assez de respirateurs, explique Vardit Ravitsky, professeure en bioéthique à l’Université de Montréal. Heureusement, on a trouvé d’autres solutions et ces protocoles n’ont pas été mis en place. On a envoyé les patients dans des endroits moins débordés, on a acheté des respirateurs, ou développé des technologies pour en fabriquer rapidement de nouveaux. »

Bien que le pire ait été évité, ces protocoles de décision existent, même au Canada. « Si le pire était survenu et qu’il avait fallu sélectionner les patients avec les meilleures chances de survie, ce choix aurait reposé sur des critères cliniques, poursuit la professeure Ravitsky. Par exemple, est-ce que le patient est fragile? Quelles sont ses chances de survie? Se rétablira-t-il rapidement pour libérer son respirateur ? Utiliser des critères médicaux pour guider ces choix est la manière la plus éthique de procéder. »..." Lire la suite