Détecter la schizophrénie en quelques tweets grâce à un algorithme

LADN, 24/11/2022

Partagé par : 

Beesens TEAM

Détecter la schizophrénie en quelques tweets grâce à un algorithme

"Pour mieux identifier les individus à risque, certains psychiatres et institutions misent sur les technologies numériques. En ligne de mire : faciliter les diagnostics et l'accès aux soins.

« Pas de santé sans santé mentale », rappelle l'OMS. Alors pour pallier nos désordres mentaux dans un contexte de dégradation des hôpitaux publics et du secteur de la santé qui frappe durement les services psychiatriques, certains se tournent vers les nouvelles technologies. C'est le cas de Stéphane Mouchabac, psychiatre à l’hôpital Saint Antoine à Paris. Il fait partie de l’unité de recherche de l’Institut du Cerveau à Paris et codirige la section e-santé de l’Association Française de Psychiatrie Biologique et de Neuropsychopharmacologie. Son objectif : étudier l'impact des nouvelles technologies sur les soins en psychiatrie, et développer — en collaboration avec des équipes spécialisées en intelligence artificielle — des outils numériques thérapeutiques à destination des patients et des professionnels.

Pourquoi en psychiatrie faire appel aux technologies ?

Stéphane Mouchabac : Nous avons récemment traversé des périodes qui ont affecté les plus vulnérables (attentats, crise sanitaire, tensions géopolitiques…). Que se passe-t-il entre deux consultations si les patients ont besoin d’aide, comment peuvent-ils se faire accompagner en cas d’urgence s'ils sont seuls ? Il faut garder à l’esprit que la prise en charge, toujours complexe, des maladies psychiques se heurte à un manque de moyen. L’accès aux soins est parfois limité sur le plan de l’offre, les psychothérapies peuvent avoir un coût qui ne peut être assumé par tous. En outre, le cerveau, organe complexe, est loin d’avoir dévoilé tous ses secrets. Les technologies numériques peuvent apparaître comme une solution intéressante, même si elles ne constituent pas la seule alternative. Notons qu’en 2020 on recensait plus de 10 milliards d’objets connectés, dont 80 % en lien avec la santé. La psychiatrie numérique peut selon moi contribuer à améliorer les soins actuels en permettant un accès facilité à un plus grand nombre, et peut-être de façon moins stigmatisante. Elle apporte aussi de nouvelles modalités thérapeutiques via des applications et permet de produire de nouvelles connaissances scientifiques et médicales à l’aide d'algorithmes. C’est dans ce cadre que certains estiment que l’on pourra mieux détecter et prévenir la survenue de symptômes psychiatriques. En effet, de nombreux paramètres peuvent être collectés numériquement en temps réel, véritables marqueurs comportementaux susceptibles de caractériser la « signature numérique d’une pathologie »..." Lire la suite